viernes, 8 de abril de 2011

Boris Vian

EL DESERTOR

En plenitud de mis facultades
distinguido presidente,
le escribo la presente
que espero que leerá.
La carta que aquí está,
me dice, a fin de cuentas,
que vaya a hacer la guerra
el lunes que vendrá.
Pero yo no estoy aquí,
distinguido presidente
para matar a gente
que se parece a mí.
No la tomo con Usted,
digamoslo de paso
pero creo haber decidido
y que desertaré.

Sólo he tenido disgustos
desde mi nacimiento,
y los hijos que he criado
han llorado junto a mí.
Mi madre y mi papá
están ya bajo tierra
de modo que la guerra
no les importará.
Cuando estaba en prisión
alguno me ha robado
la esposa, mi pasado, y mi mejor edad.
Mañana me alzaré
y cerraré la puerta
detrás de mis espaldas
y echare a caminar.

Viviré de caridad
por las tierras de España
de Francia y Gran Bretaña
y a todos gritaré
que no dejen sus casas
para irse a morir
no me importa por quién.
Motivo por el cual
si necesita sangre,
aporte usted la Suya,
si le parece bien.
Y dígale a los suyos
si vienen a buscarme
que pueden dispararme,
armado yo, no voy.



Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter

Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer



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